Bonjour,
Je souhaiterais tout d'abord rebondir sur les réponses précédentes. Depuis quand le fait de ne pas avoir de stratégie de développement et d'éviter que le FMI ne "leur dicte leur conduite" contribue au développement d'un pays? Primo, le FMI ne dicte la conduite de personne; les pays sont membres du FMI et ont signé un traité d'adhésion donnant notamment au FMI des prérogatives en termes de surveillance macroéconomique. Même la France est soumise à cette surveillance (et oui, tous les ans une mission du FMI vient en France inspecter si tout va bien au niveau macroéconomique). Si ça ne leur plait pas, libre aux pays de partir. Secundo, le FMI ne s'occupe que de la stabilisation macroéconomique des pays (inflation, déficit et dette publics, taux de change). Pour tout ce qui concerne le développement en tant que tel (éducation, santé, infrastructures, etc.), c'est la Banque Mondiale qui est en charge, ainsi que les Banques régionales (Banque inter-américaine de développement dans le cas d'Haiti). Tertio, je ne pense pas que le fait de laisser les pays se débrouiller tout seuls et arrêter "l'ingérence" soit une bonne solution, pour la bonne et simple raison que ce n'est possible que dans des pays où la population est suffisamment éduquée.
Pour répondre à votre question, il n'y a pas de solution miracle (sinon, ça se saurait); en revanche, il y a un certain nombre de politiques à mettre en oeuvre pour se mettre "sur les rails". Tout d'abord, le développement d'un pays passe par la création et l'accumulation de ce que nous appelons en sciences économiques le "capital humain"; cela consiste essentiellement à promouvoir l'éducation et la santé au sein de la population, avec une vision un peu "cynique" des choses: une population éduquée et en bonne santé sera toujours plus productive qu'une population analphabète et malade. Ce type de politique est relativement facile à mettre en oeuvre, à condition de s'en donner les moyens. Le problème est qu'elle ne servent à rien dans un contexte institutionnel inadéquat.
Le développement passe donc aussi par la mise en place d'institutions solides et fiables et notamment, d'un point de vue économique, par une définition claire et une protection efficace des droits de propriété afin d'inciter l'investissement. L'efficacité des politiques de développement humain passe aussi par une stabilité macro-économique, d'où le rôle fondamental du FMI, quoiqu'en disent certains.
Enfin, je concluerai sur le fait que la qualité principale d'une bonne stratégie de développement, c'est la patience. Une politique d'éducation de masse ne peut pas porter ses effets en 5 ans, il faut au moins 1 voire 2 générations avant d'en tirer les bénéfices. Certains pays l'ont compris et s'en sont sortis (ou sont en bonne voie, comme le Chili, voire le Mexique par exemple).